Le Relais de Poste
Lors de la fuite et l'arrestation du roi Louis XVI à VARENNES, son frère, Louis XVIII (Comte de PROVINCE), avait réussi à passer la frontière belge. On retrouvera ses traces à MARLE. Il voyageait sous un faux nom, les sourcils noircis avec un bouchon brûlé et changeait de chevaux vers le soir, devant le relais de poste du faubourg Saint Nicolas (à MARLE).
Sur la façade prolongée par la porte cochère ouvrant sur la cour des écuries, sont toujours encastrées, sous les chiffres de fer de 1755, deux charmants motifs de pierre un peu mutilés rappelant les attributions du logis : un cavalier sur son cheval et en pendant, un petit carrosse attelé avec cocher et laquais amenant un visible à la portière, à la porte du relais où se tient un autre personnage, un fouet à la main.
Par ces temps troublés, un grand nombre d'émigrés traversait MARLE pour gagner la Belgique. On vit alors la Princesse de LAMBALLE prendre à la Poste des chevaux frais et repartir à la nuit close. C'est alors que, perdu dans les ténèbres ou «mal intentionné», le postillon, manquant le pont qui traverse le Vilpion, à quelques centaines de mètres de la Poste, alla tout droit dans la rivière où la voiture versa.
La voyageuse s'y serait infailliblement noyée, si le maître DEBROTONNE (qui soupçonnait le postillon et qui avait suivi la voiture), n'était arrivé juste à temps pour la sauver, l'arrachant ainsi à une fin qui, l'année suivante devait être beaucoup plus affreuse.
En juin 1815, Napoléon passe à MARLE avec 45 000 hommes. Trois jours après, les Marlois entendaient le bruit du canon, celui de WATERLOO et virent bientôt repasser les débris de la Grande Armée en retraite sur LAON.
L'Empereur lui-même, accompagné du Maréchal NEY, s'arrêta à la Poste juste le temps de relayer et, gravissant le mont avec difficulté, mit pied à terre pour laisser souffler les chevaux devant l'Hôtel du «Soleil d'Or», rue Notre Dame, où l'hôtelière lui donna un verre d'eau.
A peine la voiture se remettait-elle en route qu'une femme, montrant le poing s'écria : «Brigand, tu m'as pris mes fieux !». Sur les six enfants qu'elle avait donnés à l'Armée, presque tous avaient péri.